28/09/2015
Voeux et aveux
Tom (Davy Sardou) et Brian (Julien Alluguette) s’aiment et vivent ensemble depuis trois ans. Pour que leur bonheur soit complet, ils voudraient que « leur couple soit reconnu » socialement et religieusement. Ils vont donc solliciter le vicaire de leur paroisse le Père Raymond (Bruno Madinier). Les naïfs ! Ce n’est pas parce qu’un curé est contre la peine de mort et paraît ouvert sur le monde moderne, qu’il a l’esprit assez large pour bénir l’homosexualité de ses paroissiens !
Le père Raymond obéit à l’église. Hors le mariage, point d’acte sexuel. Et le sacrement du mariage, selon l’Eglise de Rome, est reçu par un homme et une femme dans le but de procréer. Jouir n’est pas au programme.
Tom et Brian souhaitaient « voir l’Eglise évoluer », le père Raymond leur parle de chasteté. Quelle déception pour Brian ! Quels tourments pour Tom qui veut « une vie ordonnée ! »
Irène (Julie Debazac), la sœur de Brian, pianiste et pécheresse attend un enfant qu’on appelle « naturel ». Tom l’avait convaincue de garder cetenfant, afin de l’adopter. Ce pieux projet risque d'échouer. Irène intervient auprès du Père. Patatras ! Elle en tombe amoureuse et lui n’est pas insensible à cette femme rebelle et passionnée. Mais pas question de « sanctifier la moindre pulsion. » Les aveux heurtent les vœux.
Bref, les quatre protagonistes ont bien du malheur par la faute du pape ! Et les vœux de leurs cœurs ne concordent pas avec leur catéchisme. Ils vont vite s’apercevoir que « l’enfer, c’est l’absence d’amour. »
Le théâtre américain se plaît à présenter des débats d’idées, à confronter des opinions opposées en les faisant s’incarner dans des personnages qui nous semblent familiers. C’est sa grande force.
Ainsi, après le succès de L’Affrontement, Bill C. Davis offre-t-il, avec Les Vœux du cœur, une pièce qui expose, avec beaucoup de finesse et d’humour, un sujet de société qui est quelquefois dramatiquement vécu.
Anne Bourgeois réussit une mise en scène lumineuse de l’affrontement douloureux de ces conflits. Les comédiens sont dirigés avec une belle sensibilité. Le décor de Sophie Jacob se transforme à vue et du bout du doigt. Les ruptures de lumières de Jean-Luc Chanonat permettent des séquences courtes et un enchaînement fluide. La bande son de Jacques Cassard et les vidéos de Sébastien Sidaner harmonisent les changements de temps et de lieux.
Tout est juste, intelligent, émouvant. Une belle soirée…
Photos : © LOT
Les Vœux du cœur de Bill C.Davis
adaptation française de Dominique Hollier
Théâtre La Bruyère
Tel : 01 47 74 76 99
Du mardi au samedi à 21 h
Dimanche à 15 h 30
20:11 Écrit par Dadumas dans Blog, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre la bruyère, bill c. davis, anne bourgeois | Facebook | | Imprimer
24/09/2015
La liberté en Grèce
Solange, ménagère de cinquante ans (Valérie Mairesse) parle au mur de sa cuisine. Elle fait le bilan d’une vie monotone, désespérante, la sienne. Elle ressasse ses déceptions, ses humiliations, sa solitude.
Depuis longtemps, Patrick, celui qu’elle avait épousé, est devenu « l’autre », exigeant et grincheux. Les illusions et les enfants se sont envolés, et elle est restée. Le tablier noué autour de la taille, elle prépare le dîner en buvant du rosé. Lui « carbure à la bière », coincé dans les habitudes, méprisant et autoritaire. Pour elle, le mariage « c’est comme le Moyen-Orient, y a pas de solution. » Elle trouve que le « sexe, c’est surfait, comme les Galeries Lafayette ». Elle a « envie de transgression. »
Alors, quand la voisine, Nicole, une divorcée féministe, lui offre de partager son voyage en Grèce, elle n’hésite pas longtemps. En bonne épouse, elle a prévu, des repas pour quinze jours, bien rangés dans le congélateur, et elle s’envole avec Nicole. Sa fille, choquée, la désapprouve mais la voisine sidérée de tant d’audace lui offre un déshabillé de soie.
Et naturellement, la Grèce va lui apprendre la liberté, la beauté, et l’amour. Nous ne dirons pas comment. L’épouse-servante fonctionnait « en mode automatique ». Elle sort de sa gangue, retrouve le sourire et se sent « vivante. »
Dans la mise en scène de Marie-Pascale Osterrrieth, le décor de Pierre-François Limbosch accentue les oppositions entre le réalisme étriqué d’une cuisine de banlieue (lyonnaise), et le rêve coloré et lumineux d’une île grecque.
Valérie Mairesse donne une âme à cette Solange désabusée qui peu à peu s’épanouit. Elle lui prête une sensualité enjouée, un sourire enjôleur, un regard charmeur qui donnent de l’espoir à toutes les autres femmes.
Photos : © LOT
Partie en Grèce de Willy Russell, adaptation de Catherine Marcangelli
Théâtre La Bruyère
Du mardi au samedi à 19 h
01 48 74 76 99
22:04 Écrit par Dadumas dans Blog, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre la bruyère, valérie mairesse | Facebook | | Imprimer
06/03/2015
Le Perrichon nouveau est arrivé.
On se souvient du personnage de Monsieur Perrichon, inventé par Labiche, dans la lignée du Bourgeois gentilhomme de Molière. Notre bourgeois vaniteux et stupide est de retour sur nos scènes, sous la plume de Gérald Sibleyras qui excelle à traquer la sottise sous toutes ses formes et dans tous les milieux. Avec Monsieur Perrichon voyage toujours, le Perrichon nouveau est arrivé !
Gilles Gaston-Dreyfus l’interprète et lui donne la suffisance de ceux ont réussi dans la vie. Notre Perrichon est moderne, il n’est plus carrossier mais pose des moquettes et des parquets. Il ne va plus admirer la « mère » de Glace, mais faire de la planche à voile et de la plongée aux Caraïbes dans la mer « imense ». Et ce n’est plus le Commandant Mathieu qui relève sa faute d’orthographe mais le juge du même nom (Jean-Luc Porraz) attaché à la brigade des stup’. Sa fille, ne s’appelle plus Henriette mais Pauline (Linda Massoz), sa femme (Christiane Bopp) est gentille. Quant à Daniel (CharlesTemplon) et Armand (Arthur Fenwick), les prétendants de la demoiselle, le premier est « dans la communication », le deuxième haut fonctionnaire. Daniel méprise Perrichon mais le flatte, Armand se démène pour rendre service à Perrichon, le tirer de tous les mauvais pas dans lesquels sa stupidité le jette, mais il ne récolte que l’ingratitude.
Charlie Mangel signe un décor très coloré, éclairé pleins feux par Jacques Rouveyrollis. Les costumes d’Anne David, accentuent les contrastes entre les couleurs vives des tenues estivales et le gris de la ville. La mise en scène de Philippe Uchan est soignée.
Gérald Sibleyras s’en donne à cœur joie en épinglant les prises de position conformistes, les petites et grandes lâchetés de notre société, les tics de langage où les mots ronflants et vides manipulent ceux qui voudraient être à la mode et peinent à suivre.
Heureusement, la morale est sauve et la noble attitude d’Armand sera récompensée !
Photos :© Lot
Monsieur Perrichon voyage toujours de Gérald Sibleyras
Théâtre La Bruyère
à 19 h du mardi au samedi, samedi à 15 h.
01 48 74 76 99
22:57 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, humour, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre la bruyère, gérald sibleyras | Facebook | | Imprimer